
Rouge, blanc, rosé…vous pensiez connaître toutes les couleurs du vin ? Outre le Clairet, spécialité bordelaise qui traverse rarement sa région d’origine, et les vins gris, ces rosés particulièrement pâles, il existe également des nectars orange ! Alors, comment sont-ils produits et quel est le résultat à la dégustation ?
Un procédé datant de l’Antiquité
Historiquement, le procédé du vin orange remonte à l’Antiquité et proviendrait de la région du Caucase, plus spécifiquement de la Géorgie. Le pays, considéré comme le berceau de la viticulture, a vu naître ce style de vin il y a des millénaires. A l’époque, pas de chais équipés de technologies de pointe. Le processus était simple : les raisins entiers étaient mis dans de grandes amphores, les Qvevris, lesquelles étaient enterrées et scellées. On laissait le tout fermenter durant plusieurs mois avant de récupérer le fruit de cette méthode. Les baies rouges avaient alors donné du vin rouge et le jus des baies blanches s’était teinté d’orange.

Cette coutume explique qu’il soit souvent qualifié de « un vin blanc vinifié comme un vin rouge ». En effet, c’est un vin de macération en grappes entières. Cela signifie que l’on garde la peau des raisins, les pépins et -parfois- les rafles. Les tanins proviennent donc de cette macération, notamment des flavonoïdes (présents sur la peau des raisins blancs) qui représentent les polyphénols donnant la fameuse couleur orangée. Elle varie entre le doré, l’orangé, le brun en fonction du temps de macération.
Une palette aromatique intense
Les vins orange peuvent aussi être oxydatifs en fonction du choix du vigneron. En effet, selon la tradition, comme nous l’avons expliqué, il est élevé en amphore, dans des jarres en argile enterrées et sans ouillage. À l’instar des célèbres vins jaunes du Jura, on ne procède à aucun ajout de vin pour combler le manque créé par l’évaporation, ce que l’on appelle la part des anges. Le contact avec l’air lui confère donc ses arômes oxydatifs. Généralement, les vins orange offrent des arômes de miel, noix, abricots, poires… avec parfois quelques amers en bouche.
Nous retrouvons parfaitement ces caractéristiques dans le vin orange Qvevris de chez Tbilvino en Géorgie, dont le nom est un hommage au contenant qui le façonne. Le jus et la peau fermentent et macèrent ensemble pendant 5 à 6 mois en Qvevris. Issu du cépage Rkatsiteli, autochtone du pays, il dévoile dès les premières inspirations des parfums de noix, de miel, ou encore de pin. Une palette aromatique aussi intense qu’explosive qui évolue au fil des années et laisse place à une bouche légèrement tannique. La trame acide équilibre les amers, signe d’une oxydation maîtrisée. Il a un potentiel de garde de 3 à 4 ans.
De nos jours, de nombreux domaines dans différents pays en produisent et la France n’est pas en reste. « En plus de la France […], l’engouement pour ce type de production s’est étendu à la Croatie, la Bulgarie, l’Allemagne, l’Espagne, l’Afrique du Sud, au Portugal ou aux Etats-Unis. » d’après le journal Le Monde.
À déguster tout au long du repas
Avec un profil organoleptique aussi puissant, il faudra des mets qui le sont tout autant. Vous pensiez à un accord vin blanc et poisson ? C’est possible, à condition de le faire griller au barbecue ou sur une plancha pour mêler notes iodées et fumées. Il est également un allié de choix des plateaux de fromage, et se marie particulièrement bien avec le fruité d’un Comté affiné. Ses saveurs épicées en font un compagnon superbe des plats exotiques et ses touches de fruits secs des préparations sucrées salées. Il ne vous reste plus qu’à déguster…