L’irrigation de la vigne, comment ça marche ?

Technique commune pour certains, véritable débat pour d’autres face au changement climatique, l’irrigation de la vigne est bien plus complexe à mettre en place qu’on pourrait le penser. Apprenez tout de ce processus qui gagne de plus en plus de terrain.
Un débat européen
En France, l’irrigation de la vigne n’est autorisée que depuis un décret de 2006 et très encadrée. Elle est ainsi interdite entre le 15 août et la date de récolte. Une durée minimum pouvant s’élargir selon les cahiers des charges des appellations. En Espagne, ce serait un tiers du vignoble qui serait irrigué et en Italie, près d’un quart.
C’est un remède efficace au manque de précipitations qui s’est installé dans certaines régions viticoles ces dernières années, celles-ci ayant vu leurs jeunes plants dépérir et leurs rendements chuter face à des conditions climatiques chaotiques. Mais cela fait longtemps qu’elle a été adoptée par le Nouveau Monde. On la trouve couramment dans les zones arides de l’Argentine, de l’Australie, ou encore du Chili. Elle n’est toutefois qu’une solution parmi tant d’autres, la gestion des ressources en eau pouvant être maîtrisée de diverses manières.
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L’impact du stress hydrique
Surtout, elle doit être mis en place minutieusement et utilisée à bon escient pour ne pas impacter le « bon » stress hydrique de la vigne. Ce dernier agit comme un stimulateur physiologique de la plante. Cela signifie, par exemple, qu’il va aider à la captation des nutriments grâce à un enracinement profond, ou encore à la synthèse des polyphénols. Autant de facteurs au service de l’élaboration d’un vin de qualité.

Lorsqu’il est trop intense, il empêche les ressources de se diriger vers les raisins en les envoyant vers les racines pour survivre. Suivront alors des problèmes de croissance, que ce soit au niveau du développement des rameaux, ou de celui des feuilles. Quant aux baies, elles auront une taille réduite et peineront à atteindre une maturité optimale. Résultat, on note un manque d’harmonie général. Les sucres manquent, les acides sont trop présents, l’équilibre n’est pas au rendez-vous, et les notes végétales et empyreumatiques se font trop imposantes. L’irrigation permettra de pallier à ces désagréments.
Irrigation goutte-à-goutte ou par aspersion
Avant l’installation, les viticulteurs doivent veiller à avoir de bons réflexes écologiques. Cela commence par une adaptation aux conditions locales. On recommande des travaux de drainage qui faciliteront les apports hydriques, ainsi qu’une mesure de l’humidité du sol et de la demande climatique pour évaluer avec le plus de précision possible les besoins en eau. Une fois ceux-ci définis, il existe deux systèmes d’irrigation :
- L’irrigation goutte-à-goutte. Mise au point dans les années 90, elle est devenue incontournable depuis. Un succès qu’elle doit notamment à sa capacité d’uniformisation de l’apport d’eau au niveau de chaque pied. Son efficacité passe également par sa gestion de l’eau utilisée (environ -20% par rapport à l’aspersion). Sa pose est laborieuse, demande du temps et une main d’œuvre qualifiée, et représente un coût important. Néanmoins, elle a pour avantage majeur de laisser aux machines l’accès au vignoble. De plus, elle évite facilement l’apparition de certaines maladies au niveau de la végétation, ce qui en fait un outil extrêmement performant.
- L’irrigation par aspersion. Ici encore, deux dispositifs peuvent être mis en place. L’aspersion proche du sol aux bénéfices satisfaisants mais à l’entretien considérable. L’aspersion sur frondaison, peu adaptée à la vigne mais parfois utilisée en raison de son faible coût.

Mais il y a fort à parier que ces solutions vont encore connaître de nombreuses évolutions dans les années à venir…