Le rêve américain, de la Californie à l’Oregon

Plus connus en tant que grand consommateur de vin que producteur, les États-Unis façonnent pourtant des cuvées aussi surprenantes qu’intéressantes. Zoom sur ce pays aux paysages variés et à couper le souffle, du grand canyon aux buildings de Manhattan, où s’est invitée la viticulture.
Une histoire mouvementée
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, notamment lorsque l’on connaît l’histoire viticole de l’Amérique latine, la vigne est présente ici à l’état sauvage depuis toujours. Toutefois, ces cépages autochtones n’ont pas rencontré les faveurs des locaux. C’est avec Jean-Louis Vignes, vigneron bordelais qui importa des variétés européennes sur la côte ouest en 1831, que la viticulture vivra un véritable essor. Celui-ci débute par la Californie, puis s’étend à d’autres contrées avec le développement des chemins de fer. La Prohibition lui causera du tort bien plus tard, mais elle renouera ensuite avec le succès.

Ces vins sont longtemps restés dans l’ombre des pays incontournables tels que la France ou l’Italie mais ils ont gagné en qualité et en complexité avec les années. Peu à peu, les terroirs se dessinent, apprenant à apprivoiser leurs spécificités en termes de sols et de climats. Il existe aujourd’hui plus de 200 American Culture Area, l’équivalent de nos AOC.
La Californie, une institution viticole
Si les 50 états produisent du vin, la plupart achètent en réalité raisins ou jus à des terroirs qui possèdent les conditions idéales pour l’épanouissement de la vigne. On peut cependant relever quatre régions qui ont su se distinguer. Impossible de ne pas mentionner la Californie, berceau de la viticulture américaine qui assure encore maintenant plus de 90% de la production nationale. Le Cabernet Sauvignon, en rouge, et le Chardonnay, en blanc, s’y plaisent particulièrement. Ils apprécient son ensoleillement et ses températures chaleureuses tempérées par les brises de l’Océan Pacifique.

Sonoma, à 30 minutes seulement de San Francisco, abrite des cuvées d’exception dont le style varie selon les sols et les températures, plus douces au sud qu’au nord. Napa, qui tire son nom de la rivière qui la traverse, a été une source d’inspiration pour les vignerons cherchant à associer tradition et modernité. Sans oublier, la Central Valley, qui malgré son soleil ardent, attire des producteurs qui ne craignent pas de se frotter à l’irrigation.
Une superbe mosaïque de terroirs
Le Pinot Noir a trouvé une terre de prédilection en Oregon, ce qui a valu le surnom de Bourgogne du Nouveau Monde. Ici règne une atmosphère empreinte de douceur, en été comme en hiver et l’effet millésime est bien plus présent que dans les autres états créateurs de vin. Ce cépage capricieux s’accommode parfaitement de ses nombreux sols et micro climats. Il y délivre des cuvées d’une élégance rare très recherchées des amateurs de vin du monde entier. Les exploitations familiales y sont légion et privilégient souvent une conduite de la vigne durable.

A Washington, le vignoble est naturellement divisé en deux par une chaîne de montagnes, les Cascades. Un massif imposant qui joue logiquement sur le climat en retenant les nuages du littoral et en limitant fortement les précipitations. Il n’est pas aisé d’y faire vivre des ceps, ce qui explique que beaucoup de vignerons, même les plus réputés, achètent leurs raisins à d’autres. Une pratique courante dans le pays, et qui n’impacte pas la qualité des vins. C’est d’ailleurs grâce à elle que Washington est devenu le second producteur des États-Unis, bien que son vignoble ne cesse de croître.
Enfin, non loin de là, New York s’est démarqué auprès des férus de crus atypiques. Plutôt réservés à une consommation locale, ses vins sont issus de variétés hybrides américaines en majorité. Le Merlot y côtoie donc le Concord et le Niagara. De plus, ses hivers rigoureux ont motivé les vignerons à se tourner vers le Riesling et le Gewurztraminer. Résultats, des nectars étonnants et très aromatiques.