La capsule à vis va vous en boucher un coin

L’ouverture cérémoniale d’une bouteille de vin accompagnée du célèbre « pop » a traversé les générations, et le liège continue à boucher la grande majorité des flacons aujourd’hui encore. Dans cet article nous allons nous pencher sur l’éternel débat entre le traditionnel bouchon en liège et la fameuse capsule à vis qui a parfois (pour ne pas dire souvent) mauvaise presse. Vinho Sélection vous propose de faire un tour d’horizon des différentes technologies d’obturateurs.
Les bouchons, une histoire millénaire
L’histoire du bouchon est intimement liée à celle des contenants du vin. Les premières traces se trouvent à Ephèse, dans la région centrale de Turquie. Une amphore datant du 1er siècle avant J-C a été retrouvée bouchée avec du liège. Après l’effondrement de l’Empire Romain le tonneau fût inventé par les Gaulois. Celui-ci a facilité le stockage ainsi que le transport du vin qui était directement tiré depuis le tonneau. Le bouchon n’est presque plus utilisé à cette époque. Il a fallu attendre 1640 pour le retrouver dans les boutiques d’apothicaires anglais.
Voici comment l’écorce du chêne liège est récupérée tous les 9 ans :

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Mais si son succès est indéniable, il possède un défaut connu de tous les amateurs de vin : le célèbre goût de bouchon. Il provient de la molécule TCA. Elle est générée par une combinaison de micro-organismes et conditions de conservation particulières qui contaminent le liège. Cependant, les évolutions technologiques de ces dernières années ont permis de minimiser fortement ce danger après de nombreuses recherches et expérimentations. Des solutions efficaces qui n’ont pas empêché le développement de bouchons alternatifs.
L’apparition de la capsule à vis
Et parmi eux, la capsule à vis. Cet obturateur composé d’aluminium a été mis au point en Australie dans les années 70. Cela fait donc des décennies qu’il prouve son efficacité, bien qu’il ait l’air plus récent dans l’hexagone, pays traditionnel qui reste fidèle au liège. Il vous suffit de vous rendre dans le Nouveau Monde ou des régions anglo-saxonnes, l’Angleterre par exemple, pour vous rendre compte de son succès.
« En huit ans, la perception des consommateurs britanniques a réellement changé. On est passé du scepticisme, voire de l’hostilité à l’égard de la capsule à vis, à un très bon niveau d’acceptation. De ce fait, la capsule à vis n’est plus l’exception mais devient la norme » nous apprend le directeur de la société Wine Intelligence, spécialisée dans la recherche, l’analyse et la stratégie des entreprises viticoles.
Richard Halstead, directeur Wine Intelligence, 2011
Son avantage premier ? L’éradication totale du goût de bouchon car l’apparition de la molécule TCA est impossible avec l’aluminium. Autre bénéfice, son étanchéité qui permet de conserver les bouteilles debout. Le liège, lui, doit être légèrement humecté en permanence afin d’éviter une oxydation prématurée et impose des flacons couchés.
Quel effet sur le vieillissement ?
En France, et dans d’autres pays à l’histoire viticole ancienne, la capsule à vis reste associée dans l’imaginaire des œnophiles à des vins bon marché, voire de piètre qualité. Pourtant, c’est loin d’être le cas. Ce que l’on peut noter, en revanche, c’est qu’elle est adaptée à des vins de consommation rapide et non des crus qui vont attendre plusieurs années en cave. Il est vrai que ses joints permettent une légère micro-oxygénation mais ce n’est pas assez pour faire réellement évoluer le vin sur 5 ans. De plus, elle conserve à merveille les arômes dits variétaux et la fraîcheur. C’est donc logiquement qu’on la retrouve sur des vins blancs, des rosés, ou encore des rouges sur le fruit à déguster rapidement.
