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Vins moelleux et liquoreux, les techniques de vinification

vin liquoreux

Très recherchés lors des fêtes de fin d’année, les vins moelleux et liquoreux peuvent pourtant se déguster en toutes occasions. Uniques et rares, ils sont issus de divers processus d’élaboration que nous vous proposons de découvrir.

De manière générale, ce sont des vins provenant de raisins particulièrement riches en sucres. Vous le savez, l’étape de la fermentation alcoolique consiste à transformer les sucres en alcool. Lorsque ceux-ci sont présents en nombre, il reste alors une grande part de ce qu’on appelle les sucres résiduels. Ce sont eux qui donnent aux cuvées cette douceur à la dégustation. Mais quelles sont les techniques pour concentrer les sucres dans les baies ?

Le passerillage

Il s’agit d’une méthode de surmaturation par dessèchement naturel des raisins à l’air. Cela peut se faire sur pied, soit directement à la vigne, ou après les vendanges. Sur des clayettes en bois ou un lit de paille par exemple. Ce dernier a donné son nom aux célèbres vins de paille. L’eau s’évapore, la grappe se déshydrate et on préserve les sucres. Ce procédé a également pour avantage de conserver une belle acidité, responsable d’une fraîcheur agréable en bouche qui équilibre l’ensemble. De plus, la peau se durcit et rend ainsi les grains moins sensibles aux maladies.

Les vins de glace

Vin de glace, Icewine, Eiswein…plusieurs noms pour un seul système. Comme vous l’aurez deviné, il est mis en place dans des vignobles aux températures frileuses. Si le gel est souvent le cauchemar des vignerons, il peut s’avérer être un atout dans certains pays tels que le Canada, l’Allemagne et l’Autriche. À l’origine, cette pratique a été découverte accidentellement. Nous sommes à la fin du XVIIIe siècle et une vague de froid précoce pousse les producteurs allemands et autrichiens à récolter des raisins glacés. Contrairement au passerillage, l’eau n’est pas évaporée mais glacée. Cependant, le dénouement est identique : ce sont les sucres qui s’imposent en majorité dans les jus.

Raisins enneigés
Raisins enneigés

Mais il y a quelques règles à respecter. Les baies doivent être récoltées entre -7°C et -12°C. Au-delà, le jus est trop gelé pour pouvoir en tirer quoi que ce soit. Il s’agit donc de vendanges hivernales, et souvent de nuit. Il faut être réactif pour les lancer au bon moment et lancer la vinification rapidement puisque les raisins doivent être encore gelés lorsqu’ils sont pressés. Notez qu’il en existe également en France, même si la production reste confidentielle. En Alsace, le Riesling, le Gewurztraminer, ou encore le Pinot Gris donnent des merveilles.

Le botrytis

Il ne s’agit pas d’une technique mais d’un champignon microscopique, le botrytis cinerea, aussi appelé pourriture noble. Pour se développer, il a besoin de conditions singulières. C’est pourquoi on ne le retrouve que sous certains microclimats comme celui de Sauternes. La région phare des liquoreux est baignée par des brumes matinales en automne, fruits de la rencontre entre la fraîcheur de la rivière Ciron et de l’eau plus chaleureuse de la Garonne. Ce brouillard favorise l’installation du botrytis sur les grains mûrs, appuyé par les après-midis ensoleillés.

Raisins botrytisés
Raisins botrytisés

La pellicule devient poreuse et les sucres se concentrent. Toutefois, cette alchimie se forme progressivement et il faut de la patience pour atteindre le résultat attendu. Toutes les baies n’y arrivent pas en même temps. C’est alors au vigneron de les récolter petit à petit, lorsqu’elles sont à maturité optimale. Un véritable travail d’orfèvre, nommé tries successives. Seules les meilleures pourront servir à créer un vin d’exception. C’est notamment le cas du Tokaj, ce liquoreux venu de Hongrie qui est parmi les plus convoités au monde.

Comment différencier un moelleux d’un liquoreux ?

Tous deux sont caractérisés par une superbe douceur mais il y a une raison pour ces deux dénominations, la teneur en sucres. Les vins moelleux contiennent entre 12 et 45 grammes de sucre par litre, quand les liquoreux sont au-dessus de 45 grammes. À titre de comparaison, les vins secs comprennent moins de 4 grammes de sucre par litre et les demi-secs se situent en 4 et 12 grammes.

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Tokaj, le roi des vins venu de Hongrie

Si je vous dis Tokaj, à quoi pensez-vous ? Un cépage alsacien ? Un vin de l’Est ? Une région viticole ? Il s’agit en réalité d’un vin liquoreux d’exception parmi les plus recherchés du monde. Le point sur son histoire et son élaboration.

Un terroir remarquable

Tokaj n’est pas un cépage alsacien comme beaucoup l’ont pensé pendant des années. C’est une ville située au nord-est de la Hongrie, à la confluence des rivières Tisza et Bodrog, à environ 200 km au Nord Est de Budapest. Elle est par la suite devenue une région viticole emblématique s’étendant sur 5 500 ha et comptant une appellation protégée. Depuis 2002, le paysage culturel historique de la région viticole de Tokaj est même inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.


Tokaj est notamment connu pour ses vins liquoreux qui sont les plus anciens au monde. En effet, les premières traces remontent au XVIème siècle. Ces nectars empreints de douceur sont produits grâce à un terroir exceptionnel conjuguant le lœss (limon, souvent calcaire, déposé par le vent), le sol volcanique et bien sûr la confluence des rivières qui crée une brume matinale, idéale pour la production de botrytis. Ce champignon microscopique a la formidable faculté de flétrir les baies, et de concentrer ainsi arômes et sucres.

À l’origine de flacons rares

Les grains atteints par cette pourriture noble sont alors nommés « aszú », ce qui signifie « confit » en hongrois. Ces grains aszus sont assemblés avec le moût de l’année, principalement issu du cépage emblématique du pays : le Furmint. De cet assemblage naissent les puttunyos. Un putton est l’équivalent de 25kg de grains aszús, ceci est mesuré grâce à des hottes en bois hongroises. Les puttonyos indiquent la richesse en sucre, plus il y a de puttonyos, plus le sucre résiduel du vin sera élevé. Un 5 puttonyos contient l’équivalent de 160 grammes de sucre résiduel. Les vins de Tokaj peuvent se garder ad vitam aeternam ce qui les rendent encore plus magiques et précieux…

La production de puttunyos n’est réalisable que quelques années par décennie. En effet, si toutes les conditions climatiques ne sont pas rassemblées, le botrytis ne peut pas se développer.

Tokaj est si précieux pour les hongrois qu’il est même évoqué dans l’Himnusz (hymne national officiel de la Hongrie)  : « Que la pluie d’argent du nectar fasse vite mûrir les raisins de Tokaj. »

Dans la classification des tokajs, au delà de 6 puttonyos, on parle d’Aszú Eszencia puis d’Eszencia. Ce dernier, qui signifie « Essence », représente le nectar le plus concentré. Il contient entre 500 à 600 grammes de sucre résiduel par litre de vin et entre 1,5 à 5% d’alcool (en fonction des années). La production de ce vin nécessite près de 250kg de grains aszús pour un seul et unique litre de cette essence extraordinaire.

Ce n’est donc pas un hasard s’il fait tourner les têtes des personnes les plus influentes depuis des siècles.

Pour Voltaire : « Le tokaj donne de la vigueur à la moindre fibre de mon cerveau et ranime, au plus profond de mon âme, les étincelles enchanteresses de l’esprit et de la bonne humeur ».

Également, Louis XIV estima que « le tokaj est le roi des vins, le vin des rois ».

Comme vous l’aurez compris, Tokaj est réputé pour ses vins liquoreux mais pas seulement ! Cette région produit également des blancs secs, demi-secs, vendanges tardives, szamorodni secs et doux (vins élevés sous voile). Partez à leur rencontre et parcourez leurs impressionnantes caves souterraines.

Le Château Dereszla en est l’exemple parfait avec ses caves atteignant 1km de longueur.

Découvrez le Domaine Dereszla

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