Sous la protection des Andes et de l’océan Pacifique, le Chili est devenu l’un des plus prestigieux vignobles d’Amérique latine. Un succès qu’il doit notamment à sa diversité de cépages et son environnement propice à la viticulture.
Influences espagnole et française
Pour histoire commence au XVIe siècle avec l’arrivée des colons espagnols. Ce sont les missionnaires catholiques qui, dès 1548, plantent les premières vignes pour élaborer du vin de messe. La production locale sort peu à peu du spectre ecclésiastique mais reste rudimentaire jusqu’au XIXe siècle. En 1818 le Chili devient indépendant et s’ouvre aux influences étrangères. Les variétés françaises font alors leur apparition, du Cabernet Sauvignon au Chardonnay, en passant par le Merlot, le Carménère et le Sauvignon Blanc. Les crus locaux font un bond qualitatif considérable qui continuera à s’accentuer avec le temps. Ainsi, les années 1980 marquent une nouvelle impulsion grâce à une génération de vignerons et investisseurs envieux de moderniser cette industrie viticole. Les techniques de vinification s’affinent et les flacons s’exportent désormais aux quatre coins de la planète où leur richesse leur vaut une reconnaissance internationale.

Carménère et terroirs multiples
Le Chili a l’avantage de profiter d’une incroyable diversité climatique, du désert d’Atacama au nord aux régions plus fraîches au sud. Il en tire le meilleur pour délivrer une vaste gamme, entre rouges puissants et blancs empreints de vivacité. Le Carménère en est devenu le cépage emblématique après avoir été longtemps confondu avec le Merlot. Zoom sur ses principales régions viticoles et leurs spécificités.
La Vallée de Maipo, près de Santiago, est l’une des plus anciennes et réputées. Elle allie climat méditerranéen et vignes implantées à différentes altitudes. Le Cabernet Sauvignon y est roi, ce qui a valu aux vins du coin le surnom de Bordeaux chiliens. Ils ont généralement un profil corsé, avec des tanins structurés, de beaux parfums de fruits noirs et une fraîcheur attribuée aux brises de la proche Cordillère des Andes. Descendez un peu au sud et parcourez la Vallée de Colchagua qui laisse un peu plus de place aux notes marines du Pacifique. Entre reliefs montagneux et littoral, argiles profondes et sables, le Carménère, le Cabernet Sauvignon et la Syrah s’y épanouissent parfaitement. Elle s’est spécialisée dans les rouges opulents au bouquet de fruits noirs mûrs, épices et chocolat. Rapprochez-vous de la côte et la Vallée de Casablanca apparaît avec sa fraîcheur caractéristique. Les blancs de Sauvignon Blanc et Chardonnay expriment les agrumes et les fruits tropicaux, tout en reposant sur une trame bien acide. Les rouges font la part belle au Pinot Noir, son élégance, ses fruits rouges.

Au pied du mont Aconcagua, plus haut sommet des Amériques, s’étend la vallée du même nom. Chaleur et sécheresse au programme, mais également des microclimats plus frais et des sols variés entre sable, argile et gravier. Cabernet Sauvignon, Syrah, Carménère, Chardonnay, Sauvignon Blanc au cœur de rouges intenses et structurés aux tanins formes, et de blancs croquants et aromatiques. Retour à l’influence méditerranéenne dans la Vallée du Maule. Petite originalité, le Carignan fait partie des cépages dominants ici. Résultat, des nectars rustiques sur les fruits noirs et les épices, qui ne manquent pas de puissance et complexité. La Vallée de Limari, située dans une zone aride, bénéficie de l’humidité de la Camanchaca, une brume marine qui traverse le désert d’Atacama. Le Chardonnay s’y complaît, tout comme le Sauvignon Blanc et la Syrah. Des blancs minéraux à l’acidité marquée y côtoient des rouges concentrés et épicés. Enfin, la Vallée d’Itata se distingue par ses précipitations et ses variétés historiques telles que l’espagnol Pais et le Cinsault à l’origine de rouges frais et légers. En blanc, le Muscat et le Chardonnay s’imposent et offrent une aromatique florale.
Conditions naturelles idéales, savoir-faire ancien mêlé aux techniques modernes et pluralité de cépages…la recette de la réussite au Chili !