De l’Antiquité à aujourd’hui, la Grèce a su préserver un patrimoine viticole d’exception, marqué par une mosaïque de terroirs et de nombreuses variétés endémiques. Faites voyager vos papilles à travers des vins multiples aux personnalités affirmées.
L’innovation au service de la tradition
La viticulture est apparue ici près de 2000 ans avant Jésus Christ. Elle est profondément ancrée dans la culture grecque, à tel point qu’elle est même incarnée par son propre dieu dans leur mythologie. Dionysos, fils de Zeus, est la divinité de la vigne, du vin, du théâtre et de la fête. Ajoutez à cela un florilège de références au vin dans les textes de l’Antiquité, et des personnages historiques comme fictifs aimant s’en délecter.
Les vins grecs ont connu leur apogée très tôt sous l’Empire Romain avant d’affronter de nombreux obstacles au fil des siècles, le plus éprouvant ayant été une gestion médiocre du vignoble et de son potentiel. Depuis 1985, on constate une ère de renouveau portée par des agronomes et œnologues formés en France et revenus dans leur pays d’origine pour en tirer le meilleur. Ces ambitions ont été soutenues par des subventions ayant pour conséquence des avancées technologiques, l’acquisition d’équipements de pointe, une plus grande connaissance des vignes et du terroir, et une restructuration du vignoble en allant s’installer sur des zones plus fraîches. Résultat, une nette amélioration des rendements et de la qualité sans jamais rien perdre de sa typicité et de ses saveurs originales.
La terre des singularités
Entre ses paysages dessinés par une multitude de reliefs et la menace permanente de la sécheresse et des tempêtes, la Grèce est un terroir complexe à travailler. Une grande partie du pays est montagneuse et infertile, les vignerons se sont donc réfugiés sur les plaines et coteaux aux sols riches. Entre altitudes élevées et pentes abruptes, les parcelles s’enchaînent mais ne se ressemblent pas, à tel point que quand certains souffrent de la pourriture, d’autres ont du mal à arriver à maturité. Cependant, c’est également ce qui rend ce vignoble si fascinant.

Autre spécificité, la suprématie des cépages autochtones. L’Agiorgitiko et le Xinomavro en tête des rouges, le Savatiano et le Roditis menant les blancs. Les variétés étrangères, bien que présentes, n’ont jamais dépassé plus de 15% de l’encépagement. Un patrimoine préservé par quelques 33 appellations. Parmi les spécialités locales, nous pouvons citer le Retsina, un vin blanc vinifié avec des morceaux de résine de pin.
Des cuvées uniques
La Grèce septentrionale est la partie la moins exploitée, même si quelques régions se démarquent : la Macédoine et ses rouges de garde, Nàoussa dont les nectars peuvent rappeler la finesse des Barolo, Gouménissa et son charnu, Amindeo qui délivre aussi bien des vins effervescents que des blancs aromatiques et rosés fruités…pour ne citer qu’elles.
Mais c’est sans aucun doute dans les îles que se trouvent les cuvées les plus réputées. La Crète est la plus importante en termes de volume et suscite l’enthousiasme grâce à son dynamisme ces dernières années. On y cultive souvent des cépages oubliés remis sur le devant de la scène. Dans le nord-ouest, la Céphalonie et Zante mettent à l’honneur la vivacité de l’Avgoutiatis, variété rouge, comme la fraîcheur du Robola et du Tsaoussi en blanc. La mer Égée est l’apanage des muscats doux avec Sàmos, la plus célèbre, mais aussi Limnos. Pàros possède sa propre variété, le Monemvassia, preuve supplémentaire, s’il en fallait une, de l’incroyable richesse de la Grèce. A Rhodes, le blanc domine largement, avec une montée en puissance des effervescents récemment. Et comment ne pas mentionner Santorin, ses falaises surplombant la mer, ses ravissantes maisons blanches au toit bleu ? En dehors de son panorama sublime très apprécié des touristes, elle abrite une production de vin très intéressante. Mention spéciale à ses blancs secs puissants, intenses, citronnés et minéraux issus de vieilles vignes d’Assyrtiko.
