Le Maroc, nouveau terroir de vins de caractère

De son histoire fascinante marquée par des influences culturelles diverses, le Maroc a tiré un vignoble qui ne ressemble à aucun autre. Des variétés internationales gorgées de soleil y délivrent une vaste gamme de vins à la personnalité singulière.
Du Phénicien au moderne, l’évolution de la viticulture
Vous la pensiez récente ? La viticulture est présente ici depuis l’Antiquité. À travers l’implantation de la vigne par les Phéniciens d’abord. Puis son développement sous l’impulsion des Romains. Ce sont eux qui l’ont étendue aux rives de l’Atlantique et autour de la ville de Volubilis. Mais l’arrivée de l’islam au VIIe siècle impacte la production. Toutefois, la culture de la vigne ne disparaît pas et connaît un second souffle au XXe siècle avec la colonisation française. Notamment dans les régions de Meknès et de Fès. Le Maroc obtient son indépendance et 1956 et maintient son activité viticole. Mieux encore, elle ne cesse de croître malgré les défis liés à l’économie et la règlementation qui freine son expansion. Elle n’a jamais été aussi mise en lumière que ces dernières années grâce à l’essor du tourisme, une restructuration de ses terroirs et des investissements dans des technologies plus modernes.

Climat méditerranéen et cépages nobles
Il règne ici un climat propice à l’épanouissement du raisin, en particulier lorsqu’il est méditerranéen et semi-aride. Les hivers y sont frais et les étés chaleureux, garantissant souvent une maturité optimale des baies. Les sols, eux, sont très variés, parfois argilo-calcaires, parfois sableux ou schisteux. Les montagnes du Haut Atlas veillent fièrement sur un éventail de cépages d’ailleurs qui puisent sur ces terres une expression unique.
Nous pouvons ainsi citer le Cinsault, qui a trouvé au Maroc un terrain de jeu idéal. Adapté aux conditions chaudes et sèches, il brille au cœur de vins rouges et rosés légers. Toujours sur ces mêmes teintes, le Grenache partage son fruit et ses épices, sans oublier sa remarquable structure au cœur des assemblages. La Syrah gagne en popularité avec sa richesse en fruits noirs, épices et poivre. Le Cabernet Sauvignon et le Merlot ont débarqué de Bordeaux pour délivrer leur puissance et leur structure. En blanc, le Chardonnay s’impose avec une belle rondeur et une acidité agréable. Le Sauvignon Blanc, frais et aromatique, y révèle un bouquet de fruits tropicaux et d’agrumes. Le Viognier joue sur les fleurs blanches et la pêche.
Bien qu’elles soient minoritaires, il existe également des variétés endémiques qui mériteraient davantage de reconnaissance. Le Faranah Rouge, l’un des plus anciens, est à l’origine de rouges fruités aux tanins modérés. Le Faranah Blanc, moins populaire, donne cependant à certains vins blancs des notes florales et une acidité plaisante. Le Taznakht, plus rare, est travaillé dans la région montagneuse du même nom. Il se distingue par ses fruits rouges et ses épices.

Entre Meknès et Casablanca, des terroirs uniques
Parmi les régions viticoles qui se démarquent, Meknès fait figure de poids lourd. Dans les plaines, entre les montagnes du Moyen Atlas et le Rif, elle profite d’une superbe influence méditerranéenne. Côté vins, les rouges sont intenses et bien structurés, sur les fruits rouges et noirs. Les blancs sont frais, fruités et équilibrés, avec occasionnellement une légère touche boisée. Les rosés sont fruités et rafraîchissants. Au nord du pays, Fès est plus continentale. Les rouges y sont structurés et ronds, autour des fruits noirs et des épices. Les blancs, opulents, oscillent entre les fruits tropicaux et le beurre. Casablanca, très dynamique, sort du lot par ses flacons blancs à la matière crémeuse. Les agrumes se mêlent aux fleurs blanches et, une fois encore, aux fruits tropicaux.
Plus proche du désert, Souss-Massa privilégie des cépages qui apprécient la chaleur. Les rouges sont concentrés et évoquent les fruits noirs ou la réglisse. Les rosés alternent entre fraise, framboise et fleurs, des arômes soulignés par une belle acidité. Dans le Haut Atlas, Tinghir se situe à une altitude élevée. Résultat, des rouges très expressifs et des blancs ronds et floraux. Enfin, la région désertique de Draa-Tafilalet est à suivre de près. Encore méconnue, elle propose des vins rouges puissants à la concentration incroyable en raison de ces conditions climatiques extrêmes. Le vignoble du Maroc, en pleine effervescence, n’a pas fini de nous surprendre.