De cépage rouge emblématique de Bordeaux à variété noble cultivée aux quatre coins de la planète, il n’y a qu’un pas que le Merlot a franchi avec brio. Un succès qu’il doit à sa capacité à s’adapter à divers terroirs mais aussi à sa souplesse et ses arômes fruités. Tour d’horizon.
Une histoire ancestrale
Il est né dans le bordelais, où il est mentionné dans certains écrits dès le XVIIIe siècle, bien que ses racines soient probablement plus anciennes. Son nom serait un dérivé de « merle », petit oiseau noir qui affectionne tout particulièrement ses baies sucrées. Il s’impose rapidement comme une variété incontournable de la région, notamment sur la rive droite, dans des appellations prestigieuses telles que Pomerol ou Saint-Émilion. Et au XXe siècle, son expansion au-delà des frontières françaises commence. Il touche tour à tout l’Italie, l’Espagne, la Suisse, avant de s’implanter dans le Nouveau Monde. Les États-Unis, l’Australie, l’Afrique du Sud, l’Argentine, ou encore le Chili l’ont adopté sans hésiter. Les vignerons n’ont de cesse d’explorer son potentiel, en monocépage ou aux côtés d’autres variétés. Ils délivrent ainsi une large gamme de vins le mettant à l’honneur en fonction des terroirs et des méthodes de vinification.
Un florilège de saveurs en Europe…
Nul doute qu’il est aujourd’hui l’un des cépages les plus cultivés au monde. On apprécie sa polyvalence et son aisance à façonner aussi bien des vins accessibles que complexes. Ses tanins fondus séduisent la plupart des palais, d’où sa popularité fulgurante.
À Bordeaux, il est généralement assemblé à d’autres cépages emblématiques de cette région viticole, le Cabernet Sauvignon et le Cabernet Franc. Il apporte aux nectars produits sa souplesse, sa rondeur, et ses intenses arômes de fruits rouges. Chez leurs voisins transalpins, il se complaît particulièrement en Toscane et dans le Frioul, rivalisant sans rougir avec le Sangiovese. Il oscille entre notes de cerise, de prune et de chocolat, avec quelques touches épicées également et une texture soyeuse. Toutefois, il a tendance à gagner en puissance lorsqu’il est cultivé en Espagne. Sa trame tannique devient plus ferme et il développe de belles fragrances de fruits noirs. Partez plus à l’est, en Croatie, ou en Hongrie, et la fraîcheur domine. S’il peut varier en style, il conserve toujours sa texture soyeuse et sa richesse naturelle.

…et dans le Nouveau Monde
Le Merlot n’a pas fini sa formidable épopée ! Si vous avez la chance de le savourer lorsqu’il plonge ses racines dans les sols de la Napa Valley ou de la Sonoma Valley, en Californie, il se fait opulent et évoque les fruits noirs. Plus au nord, à Washington State, et il dévoile une acidité marquée et des tanins plus prononcés. De multiples facettes que l’on prend plaisir à découvrir au fil des dégustations. Au Chili, où il est une variété majeure, il impressionne par son intensité en fruit et ses notes herbacées caractéristiques. Côté Argentine, il côtoie le Malbec de Mendoza à la Patagonie. Sa matière est veloutée et sa palette aromatique exprime la prune et la cerise.

L’Australie aime l’associer au Cabernet Sauvignon ou le travailler seul. Dans la Hunter Valley ou à Margaret River, il se démarque dès les premières gorgées par sa concentration en fruits mûrs. Il y est souvent élevé en fûts de chêne, ce qui explique les touches de chocolat et de vanille qui viennent compléter le bouquet. Quant à la Nouvelle-Zélande, elle fait preuve d’équilibre et de fraîcheur dans ses vins de Merlot. La mûre rencontre le humus et les épices dans un ensemble d’une grande finesse. Enfin, l’Afrique du Sud lui offre des terroirs de prédilection dans les régions du Cap. Il y est alors charnu et fruité, avec de superbes notes de menthol ou d’eucalyptus. Êtes-vous prêts à faire voyager vos papilles ?