Depuis sa Bourgogne natale, le Chardonnay a parcouru beaucoup de chemin. Il est aujourd’hui l’un des cépages les plus cultivés et appréciés sur la scène internationale. Un succès que l’on attribue, entre autres, à sa polyvalence et sa capacité à délivrer des vins aux profils divers. Décryptage de cette variété emblématique.
Le roi de la Bourgogne
Son histoire est intrinsèquement liée à celle des grands vins bourguignons. Il est fait mention du Chardonnay pour la première fois au Moyen Âge, bien qu’il puisse être encore plus ancien. Il est un croisement naturel entre le Pinot Noir, autre roi de la Bourgogne, et le Gouais Blanc, probablement venu de Croatie et implanté par les romains. Son nom est un hommage au village éponyme dans sa région de naissance, il signifie « lieu planté de chardons » en vieux français.
Il s’est rapidement imposé en tant que cépage phare de la Bourgogne, tout particulièrement à Chablis et dans le Mâconnais. Et si pendant longtemps il reste dans l’hexagone, il traversera finalement les frontières pour aller s’épanouir aux quatre coins de la planète, notamment par le biais de la colonisation et grâce à l’expansion des routes commerciales. Sa popularité explose et on assiste à un engouement massif pour ses vins blancs de qualité, souvent opulents, boisés, aux notes de beurres et fruits tropicaux dans le Nouveau-Monde. Les techniques de vinification modernes permettent ensuite de modérer l’influence du bois pour offrir une diversité de styles, apporter de la fraîcheur et de la minéralité. Des États-Unis à l’Australie, découvrez comment il révèle son potentiel en fonction des terroirs qui l’accueillent.
Un éventail d’expressions
De manière générale il est très versatile mais apprécie tout de même considérablement certains terroirs. Les calcaires et marnes sont des alliés de taille. Il y puise minéralité, vivacité, senteurs de citron et de pomme verte. Même constat pour les climats frais à tempérés, ainsi que de hautes altitudes, des températures trop fortes pouvant effacer sa subtilité naturelle.

Ses multiples facettes en ont fait un acteur clé de la production de vin blanc. En effet, il est cultivé sur presque tous les continents viticoles :
- États-Unis : il est le cépage blanc le plus présent en Californie. La Sonoma et la Napa Valley, ainsi que la Central Coast, sont réputées pour leurs chardonnays riches et boisés. L’Oregon et Washington misent plutôt sur la tension et profitent d’une influence maritime.
- Nouvelle-Zélande : Marlborough, surtout connue pour ses vins de Sauvignon Blanc, est aussi une terre de Chardonnay. Il y est frais et dominé par des parfums d’ananas et d’agrumes. Central Otago est, quant à elle, régie par une superbe trame acide et des fragrances de fruits à noyau.
- Chili : Casablanca et Leyda Valley bénéficient du courant froid de Humboldt, sur le littoral. Résultat, des vins vifs et minéraux délicatement citronnés, avec juste ce qu’il faut de fruits tropicaux.
- Argentine : À Mendoza, on cultive le Chardonnay en hauteur. Une altitude élevée responsable de l’acidité très présente en bouche. La pomme rencontre la poire et les agrumes, le tout soutenu par des touches boisées.
- Afrique du Sud : Stellenbosch et la plus fraîche Walker Bay partagent un florilège de saveurs. Du citron, des fruits tropicaux et de la tension dès les premières gorgées.
- Australie : Yarra Valley et les régions côtières comme Margaret River sont dédiées aux flacons équilibrés et structurés, avec une acidité marquée et de jolis arômes de fruits tropicaux. Adelaide Hills et la Tasmanie, au climat moins chaleureux, jouent sur la subtilité et la minéralité.
Sans oublier l’Espagne, l’Italie, le Maroc, ou encore le Liban, aux volumes plus confidentielles mais qui lui font honneur avec justesse.