Parmi les cépages incontournables capables de briller autant localement qu’à l’étranger, difficile de ne pas mentionner le Chenin. Polyvalent, il est capable de s’adapter à différents terroirs et climats, ce qui explique son épanouissement jusqu’en Afrique du Sud. Préparez vos papilles à un formidable voyage gustatif !
Une vivacité internationale
Il trouve ses racines dans la Vallée de la Loire dont il apprécie le climat frais. Ici, on l’utilise pour façonner des styles divers et variés de vins blancs secs et doux, et ce depuis très longtemps. En effet, il aurait été cultivé par les moines de l’abbaye de Saint-Maur dès le VIe siècle et son nom serait un hommage au mont Chenin, en Touraine. Une origine qui explique l’un de ses surnoms : Pineau de la Loire.
Il a réussi à s’exporter avec brio, allant notamment s’installer dans les vignobles d’Afrique du Sud où on l’appelle Steen. Malgré un environnement plus chaleureux, sa grande force est de conserver son acidité caractéristique. On l’y travaille généralement avec plus de chêne, développant des arômes de boisé plus marqués. Ne soyez pas surpris de le retrouver en Australie également. Seul ou en assemblage, car il est très courant de le voir associé au Chardonnay, autre variété internationale extrêmement connue. Et le périple peut encore continuer en Argentine, aux États-Unis, ou en Nouvelle-Zélande.

La douceur du botrytis
Son plus grand avantage aux yeux des vignerons est certainement son habilité à prendre le goût de son terroir. Cependant, il est exigeant et demande énormément d’attention. Ses baies, que l’on reconnaît dans le vignoble à leur teinte jaune qui se couvre de petits points à maturité, ont une pellicule épaisse. La nature est bien faite et cette dernière représente un rempart essentiel contre les gelées printanières auquel il est sensible à cause de ses bourgeons qui apparaissent tôt dans l’année. La pourriture grise est à craindre aussi, à l’instar du Riesling, du Pinot Gris et du Sémillon.
Plutôt vigoureux et synonyme de rendements raisonnables, il possède donc plusieurs faiblesses. Le ver de la grappe, l’oïdium, l’érinose et les maladies du bois sont des ennemis à surveiller de près, alors qu’il est capable de prouver une bonne résistance face au mildiou, au black rot et à l’anthracnose. Il est un formidable terrain de jeu pour le botrytis cinerea ou pourriture noble. Ce champignon microscopique flétrit les raisins qui se gorgent de sucres naturels. C’est grâce à lui qu’existent de grands vins doux issus du Chenin, surtout lors de vendanges tardives. Les jus sucrés qui en découlent se distinguent par une superbe acidité responsable de leur fraîcheur et de leur potentiel de garde. Le choix des sols est crucial lui-aussi. Ce cépage aime les terres pauvres, bien drainées et peu profondes composées de calcaire, tuffeau, ou schiste.
Fraîcheur et intensité aromatique
Mais qu’en est-il de la dégustation ? Dans l’ensemble, le Chenin produit des vins légèrement charpentés avec beaucoup d’acidité. Le bois est manié avec parcimonie afin de préserver cette vivacité inhérente et il est riche en arômes fruits verts et tropicaux parmi lesquels le citron, la pomme et l’ananas. Lorsqu’il donne des blancs secs, on le remarque à sa robe pâle aux reflets verts, plus dorée lors d’un élevage sous bois. En plus des parfums déjà mentionnés, il évoque le coing, le tilleul, l’acacia, les épices douces, le miel et la vanille. Sa matière peut être fluide ou tendre selon les processus de vinification, sa nervosité et sa structure lui offrent une aptitude à la garde très intéressante. Même constat pour les effervescents qui profitent de son acidité marquée et ses notes de fruits secs et d’agrumes, avec toutefois plus de rondeur que les illustres champagnes.

Récolté en surmaturité, il propose des blancs doux aux nuances dorées qui deviennent ambrées avec les années. Sa complexité aromatique signe la rencontre des fruits confits, de l’abricot, des écorces d’agrumes et de la rondeur. Une richesse fruitée doublée d’une grande fraîcheur qui allège la sensation de sucre montre un bel équilibre entre onctuosité et vivacité.