Mois : avril 2024

Comment fait-on du vin rosé ?

Bien plus complexes qu’ils n’y paraissent, les rosés demandent une attention de tous les instants pour obtenir la teinte parfaite. Cette dernière est façonnée avant même la création du vin, une singularité que Vinho Sélection vous propose de découvrir plus en détails.

On utilise des raisins noirs à la chair blanche. Cela signifie que la pulpe qui donne le jus est incolore et que les pigments viennent de la peau. La robe du vin dépendra donc du temps de macération, soit la durée de contact entre les pellicules et les jus, ainsi que la température. Cette étape délicate sert également à extraire les arômes. Plus le jus reste longtemps en contact avec la peau, plus les parfums sont prononcés et intenses.  C’est pourquoi le mode de vinification choisi a un rôle crucial.

Macération, pressurage direct ou saignée

Il existe trois techniques pour élaborer un vin rosé :

  • La macération pelliculaire à froid. Le moût macère durant une période pouvant aller de quelques heures à deux jours, à une température entre 10 et 15°C. A noter que les températures sont assez basses pour retarder le début de la fermentation. On fait ainsi ressortir les pigments, les composés aromatiques et les tanins. Le jus prend alors sa coloration, qui sera plus ou moins profonde selon le temps et la température. Une fois la teinte désirée obtenue, on débarrasse le jus des parties solides et on le transfère dans une cuve pour débuter la fermentation alcoolique.
  • Le pressurage direct. On presse directement les grappes, entières ou éraflées, sans macération. Les peaux ont un peu de temps pour donner au jus une couleur légèrement rosée avant que celui-ci ne parte en fermentation. Contrairement à la macération et sa couleur assez soutenue, on limite ici le contact avec la peau des baies pour concevoir des vins clairs. En bouche, la fraîcheur et la vivacité viennent souligner des arômes de fruits primaires.
  • La méthode de saignée. Elle commence comme une vinification en rouge, puis l’on soutire, quelques heures après le début de la cuvaison, une partie de la cuve, environ 5 à 15%. Celle-ci sera destinée à devenir un vin rosé. Elle débute bien entendu par une macération, ce qui explique sa couleur plus intense. Ces vins font aussi preuve de plus de structure et de puissance. Ils sont plus vineux en bouche et peuvent présenter une belle aptitude à la garde. Ce sont des rosés de gastronomie qui peuvent accompagner de nombreux mets.

Diversité aromatique

Les cépages et le terroir ont aussi un rôle majeur dans le profil final du vin. Par exemple, si le rosé est généralement issu de raisins noirs, on peut ajouter une part de raisins blancs qui apporteront de la rondeur et une certaine complexité aromatique. De plus, l’origine géographique des variétés et leurs diverses caractéristiques, la teinte, la taille des baies ou l’épaisseur de la pellicule, ont un impact sur la coloration et le style du vin. Un Merlot jouera sur la rondeur et le fruit quand un Malbec impressionnera par sa profondeur. Une gamme de tonalités extrêmement variées.

Idem pour les températures de fermentation. Le plus souvent, les producteurs optent pour des cuves inox thermorégulées afin de s’adapter plus aisément à l’accroissement de la chaleur durant la transformation du moût en vin. A titre d’exemple, des notes riches en thiols variétaux tels que les agrumes, la poire ou les fruits exotiques sont favorisés par une température de 20°C maximum. Et les esters fermentaires comme la pomme verte ou la banane, eux, se dévoile autour de 14°C.

L’exception champenoise

Contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier abord, le rosé n’est donc pas un simple mélange de vin blanc et de vin rouge. Cette pratique a été interdite en 2009 par la Commission Européenne pour les vins dits rosés. Toutefois, il existe une région viticole en France où ce processus est autorisé, la Champagne. Notez également que cette technique est encore courante en Australie et en Afrique du Sud.

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Le Vermentino, fraîcheur et légèreté en Méditerranée

Typé et aromatique, c’est ainsi que l’on pourrait définir simplement le Vermentino. Cette variété italienne, qui s’épanouit de la Sardaigne à la Hunter Valley, est à l’origine de vins blancs tendres aux profils élégants. Partez à sa rencontre…

Un cépage international

Difficile de définir avec précision son berceau de naissance, tant les théories vont bon train. Quand certains le disent issu de Madère et développé ensuite en Espagne, d’autres répondent qu’il vient de Grèce et se serait étendu par le biais des marchands vénitiens. Cependant, sa consonance résolument italienne nous pousserait à penser qu’il viendrait de chez nos voisins transalpins, actuellement premier pays producteur de Vermentino – juste devant la France.

Avec comme point de départ l’Italie, donc, il a connu une belle expansion. D’abord sur le littoral méditerranéen en s’implantant en Corse et en Provence , où on l’appelle souvent Rolle, mais aussi en Espagne, au Maroc et en Croatie. Il a ensuite parcouru du chemin, s’enfonçant un peu plus dans les terres européennes pour toucher la Bulgarie, ou traversant la planète afin de se complaire au Chili et en Australie.

En quête de terroirs gorgés de soleil

Il est un cépage blanc incontournable des appellations corses, Patrimonio en tête. Un succès qui s’explique par son appétence pour le climat de l’île de Beauté. Car le Vermentino est vendangé tardivement et nécessite une météo chaleureuse sans trop de précipitations pour atteindre une maturité optimale, ainsi que d’être implanté sur des terres avec une belle exposition. A l’inverse, les climats froids et tempérés ralentissent sa maturation. Sur le pourtour méditerranéen et dans le Nouveau Monde, il bénéficie d’une situation climatique qui lui assure une superbe productivité. S’il est considéré comme vigoureux, il est tout de même sensible à la pourriture acide et à l’oïdium, et les vignerons préfèreront logiquement éviter les parcelles humides. Autre faiblesse, le vent. Pour y remédier, on le taille court avec une conduite sur fil de fer.

Il serait un parent de la famille de cépages malvoisie. Si vous avez la chance de parcourir les vignobles dans lesquels il est présent, vous pourrez le reconnaître à ses grandes grappes tronconiques. Ses feuilles, jaunes dans leur jeunesse, deviennent vert foncé avec l’âge. Et ses baies blanches adoptent une teinte rosée lorsqu’elles sont en surmaturité.

Une explosion de saveurs

Il peut être vinifié seul ou en assemblage. En monocépage, il se distingue par sa légèreté et son gras. En compagnie d’autres variétés, parmi lesquelles le Cinsault, le Grenache, ou encore l’Ugni Blanc, il apporte un côté aérien et une agréable fraîcheur. Il donne des vins blancs doux à de rares occasions, et en grande majorité des blancs secs. Mais intéressons-nous de plus près à la dégustation de ces derniers.

Sa robe pâle, d’un jaune clair limpide, laisse place à une palette aromatique à la fois intense, fine et complexe. Les fragrances s’enchaînent et ne se ressemblent pas. On perçoit tour à tour des notes florales type aubépine ou tilleul, du fenouil, des agrumes comme le citron et le pamplemousse, des épices douces et un florilège de fruits divers. La pêche rencontre la poire, la pomme, l’abricot, l’ananas et l’amande fraîche. Sans oublier de jolies notes iodées et minérales généralement apportées par l’influence marine dans laquelle baignent les vignes. Au palais, on remarque un vin tendre et suave, avec peu d’acidité. Les grands Vermentino possèdent une texture raffinée, une richesse aromatique sans pareille, et un bel équilibre. En effet, ce cépage n’est jamais lourd lorsqu’il est travaillé avec justesse. A savourer dans leur jeunesse, ils gagnent à être carafés lors du service pour délivrer tout leur potentiel aromatique. Ils peuvent aussi attendre quelques années en cave selon la manière dont ils ont été vinifiés.

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L’irrigation de la vigne, comment ça marche ?

Technique commune pour certains, véritable débat pour d’autres face au changement climatique, l’irrigation de la vigne est bien plus complexe à mettre en place qu’on pourrait le penser. Apprenez tout de ce processus qui gagne de plus en plus de terrain.

Un débat européen

En France, l’irrigation de la vigne n’est autorisée que depuis un décret de 2006 et très encadrée. Elle est ainsi interdite entre le 15 août et la date de récolte. Une durée minimum pouvant s’élargir selon les cahiers des charges des appellations. En Espagne, ce serait un tiers du vignoble qui serait irrigué et en Italie, près d’un quart.

C’est un remède efficace au manque de précipitations qui s’est installé dans certaines régions viticoles ces dernières années, celles-ci ayant vu leurs jeunes plants dépérir et leurs rendements chuter face à des conditions climatiques chaotiques. Mais cela fait longtemps qu’elle a été adoptée par le Nouveau Monde. On la trouve couramment dans les zones arides de l’Argentine, de l’Australie, ou encore du Chili. Elle n’est toutefois qu’une solution parmi tant d’autres, la gestion des ressources en eau pouvant être maîtrisée de diverses manières.

Vous souhaitez en savoir plus sur les vignobles d’Australie et d’Argentine ? Consultez nos articles :

L’Argentine, des terroirs multiples au service du Malbec

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L’impact du stress hydrique

Surtout, elle doit être mis en place minutieusement et utilisée à bon escient pour ne pas impacter le « bon » stress hydrique de la vigne. Ce dernier agit comme un stimulateur physiologique de la plante. Cela signifie, par exemple, qu’il va aider à la captation des nutriments grâce à un enracinement profond, ou encore à la synthèse des polyphénols. Autant de facteurs au service de l’élaboration d’un vin de qualité.  

Lorsqu’il est trop intense, il empêche les ressources de se diriger vers les raisins en les envoyant vers les racines pour survivre. Suivront alors des problèmes de croissance, que ce soit au niveau du développement des rameaux, ou de celui des feuilles. Quant aux baies, elles auront une taille réduite et peineront à atteindre une maturité optimale. Résultat, on note un manque d’harmonie général. Les sucres manquent, les acides sont trop présents, l’équilibre n’est pas au rendez-vous, et les notes végétales et empyreumatiques se font trop imposantes. L’irrigation permettra de pallier à ces désagréments.

Irrigation goutte-à-goutte ou par aspersion

Avant l’installation, les viticulteurs doivent veiller à avoir de bons réflexes écologiques. Cela commence par une adaptation aux conditions locales. On recommande des travaux de drainage qui faciliteront les apports hydriques, ainsi qu’une mesure de l’humidité du sol et de la demande climatique pour évaluer avec le plus de précision possible les besoins en eau. Une fois ceux-ci définis, il existe deux systèmes d’irrigation :

  • L’irrigation goutte-à-goutte. Mise au point dans les années 90, elle est devenue incontournable depuis. Un succès qu’elle doit notamment à sa capacité d’uniformisation de l’apport d’eau au niveau de chaque pied. Son efficacité passe également par sa gestion de l’eau utilisée (environ -20% par rapport à l’aspersion). Sa pose est laborieuse, demande du temps et une main d’œuvre qualifiée, et représente un coût important. Néanmoins, elle a pour avantage majeur de laisser aux machines l’accès au vignoble. De plus, elle évite facilement l’apparition de certaines maladies au niveau de la végétation, ce qui en fait un outil extrêmement performant.
  • L’irrigation par aspersion. Ici encore, deux dispositifs peuvent être mis en place. L’aspersion proche du sol aux bénéfices satisfaisants mais à l’entretien considérable. L’aspersion sur frondaison, peu adaptée à la vigne mais parfois utilisée en raison de son faible coût.

Mais il y a fort à parier que ces solutions vont encore connaître de nombreuses évolutions dans les années à venir…

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